Ce sont des expéditions de pillages et de massacres contre la population de quatre îles des Comores qui ont commencé en 1794 et ont pris fin en 1820 après la conclusion entre le roi malgache Radama 1er et l’Angleterre d’un traité interdisant le trafic des esclaves. Elles furent organisées par des tribus établis sur les côtes de Madagascar les Betsimisaraka et les Sakalava. Ces invasions malgaches sur les quatre iles constituent la période la plus sanglante et la plus humiliante de l’histoire des Comores.

Quelles sont les villes concernées ?

Ndz’uani fut l’objectif premier des envahisseurs malgaches en raison de la richesse de l’ile. Trois villes, les plus importantes de l’île furent les plus touchées : Mutsamudu, Domoni et Wani. En 1795 Mutsamudu fut assiégé durant huit mois. Les habitants de la ville ont encore vécu le même cauchemar en 1807 avec un long siège. Wani fut détruite en 1795 et en 1799. Damoni fut occupée en 1798. Quant à l’île de Mayotte, la plus proche de Madagascar, les villes le plus concernées sont Pamandzi, Dzaoudzi et Tsingoni qui fut détruite en 1795. On n’a pas des informations précises concernant les villes les plus touchées de Mwali. Mais on suppose que Fomboni et Noumachiwa furent les lieux le plus touchés. A Ngazidja, ce sont toutes les villes entourées de remparts (Ngomé) qui furent les plus visées par les guerriers malgaches : Fumbuni, Ikoni, Moroni, Itsandra, Ntsudjini, Ntsaweni, Mitsamiouli. Mais pas que, le sultanat particulier de Washili fut attaqué aussi, Mtsamdu Ya Washili fut occupé en 1800.

Comment cela s’est-il passé ?

A la fin du 18eme siècle les Européens installés aux Mascareignes (Maurice et La Réunion) connaissaient des besoins importants en main-d’œuvre esclaves, pour le développement des plantations sucrières. La révolution de Haiti (Saint-Domingue) du 22 aout 1791, qui fut la colonie française la plus riche avait privé à la France l’approvisionnement en sucre. C’est pour répondre à cette demande en sucre de plus en plus grandissante, que les planteurs des Maurice et de la Réunion ont fait appel aux tributs malgaches. Une aubaine pour les envahisseurs malgaches, qui en utilisant des grosses pirogues, ravagèrent les campagnes, capturèrent bétail et paysans qu’ils emmèneraient en esclavage en les vendant aux planteurs de La réunion et de Maurice.

Quelles conséquences ?

Les razzias malgaches ont signé presque la fin de la prospérité des sultanats des Comores. La position géographiques des sultanats des îles, avait permis les Comores de jouer le rôle d’escale international sur la route des Indes, ce qui a enrichi les îles surtout le sultanat d’Anjouan avec son port à eau profonde. Les invasions ont fait chuter la population des îles. Les habitants de Ngazidja avaient adopté depuis la fin des razzias une attitude très hostile envers les étrangers.

Que doit-on retenir de cette histoire ?

Cette histoire nous apprend tout d’abord le jeu de pouvoir et de domination qui se jouent partout dans le monde et dans l’océan Indien en particulier. Elle récuse l’idée véhiculée selon laquelle les dominations esclavagistes se sont faites sans résistances. Prenons l’exemple de Kari Bangwe. Cette histoire nous enseigne aussi que les sultans Comoriens et leurs populations qui pratiquaient l’esclavage étaient devenus à leur tour des victimes de ce même système.


Image : Des guerriers malgaches, gravure du 19ème siècle.

Crédit photo : Faisons de l’histoire à Mayotte, 1995.

Sources : Djahazi 02; Jean Martin; Faisons l’histoire à Mayotte.